Qu'est-ce que le Yoga ?
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Le mot "yoga" signifie littéralement "joug" (comme dans le mot "conjugal"),
au sens d'unité, ce qui relie :
- le corps et l'esprit
- l'activité et la passivité
- l'individu et son environnement, matériel ou spirituel
le mot "Hatha" signifie : ha="soleil",
tha="lune"
Cela symbolise les pôles énergétiques de l'homme et de
la nature.
Asana (posture)Les asana sont des postures qui produisent le renforcement et l'assouplissement des muscles et des tendons, ce qui exerce une influence sur le système nerveux. La pratique des asanas diffère de la gymnastique par les éléments suivants :
- Exactitude : les postures doivent être exécutées avec un maximum d'exactitude, en fonction des données physiques de chacun. Le yogi devient le sculpteur de lui-même.
- Maintien de la posture : la pratique du yoga ne se fait pas par des mouvements de va-et-vient, mais par un maintien relativement long de chaque posture, ce qui permet au corps d'en retirer tous les bienfaits, et aux processus internes de se mettre en marche.
- Equilibre entre une posture et la suivante : pratique de "contre-postures".
Pratique de la respiration (Pranayama)D'une part, la respiration aide le pratiquant à exécuter les postures et à s'assouplir ; d'autre part, la pratique elle-même des postures améliore la respiration. De plus, le yoga considère la respiration comme l'outil de purification du réseau énergétique, et comme l'éveilleur de l'énergie spirituelle.
C'est pourquoi, avec les postures, on pratique aussi des exercices respiratoires.
RelaxationLes leçons de Hatha-yoga se terminent toujours par un temps de relaxation.
Certes, la relaxation fait aussi partie intégrante des postures, par l'immobilité et la respiration qui allège l'effort, mais le repos final nous permet de quitter le cours sans ressentir aucune fatigue. C'est aussi grâce à lui que nous pouvons intérioriser le contenu de ce que nous avons pratiqué et en retirer le meilleur bénéfice.
Les mouvements que nous pratiquons font l'objet d'un traité rédigé
au 15ème siècle de notre ère, le Hatha-Yoga-Pradîpikâ,
dont l'auteur est connu sous le nom de Svâtmârâma. En quatre
chapitres de 395 versets, l'auteur, rapproche les exercices du Hatha-Yoga
de ceux du Râja (ou Royal)-Yoga et montre comment ils se complètent.
Après un exposé très détaillé des postures
du Hatha-Yoga et des bienfaits physiques qu'elles procurent, il en arrive
à la conclusion que le Râja-Yoga commence là où
finit le Hatha-Yoga." "Cette science glorieuse resplendit comme
une échelle pour qui désire atteindre les cimes du Râja-Yoga"
(chapitre 1 v.1). "A ceux qui ne peuvent connaître le Râja-Yoga,
.... Svâtmârâma dans sa compassion offre cette "lampe
du hatha-yoga" (chapitre 1 v.3). [Hatha-Yoga-Pradipika, traduction française,
Fayard, Paris, 1975.]
Alors que le Râja-Yoga s'adresse à la conscience, le Hatha-Yoga
s'adresse à l'énergie vitale (prâna).
En pratiquant les postures et les respirations, on parvient à éveiller
cette énergie et à la communiquer à chaque membre de
notre corps
Le Hatha-Yoga est donc la discipline que nous pratiquons en Occident. C'est la discipline la plus aisée à observer et à comprendre puisqu'elle s'adresse à notre corps physique et cherche à l'entretenir. Aussi lorsqu'on parle de "yoga", on parle en fait de "hatha-yoga" (gymnastique yoga).
Depuis le début du 20ème siècle, les Anglais vivant
aux Indes (alors, une colonie britannique) commencent à s'intéresser
au yoga, et recherchent des maîtres locaux pour apprendre leur science.
Le plus célèbre d'entre eux est Sir
John Woodroffe (1865-1936). Il est d'abord avocat général
du Bengale, et en 1915 il est nommé président de la Cour suprême
de Calcutta. Il étudie le sanscrit (la langue classique des Indes)
et rédige de nombreux ouvrages sous le pseudonyme d'Arthur Avalon,
dans le but d'enseigner aux occidentaux la mystique indoue (Tantra).
Le plus connu de ses livres est La puissance du serpent - introduction
au tantrisme (Ed. Dervy-Livres).
Cet ouvrage est la référence de tous les auteurs occidentaux
qui rédigent des textes sur yoga, qu'ils l'aient lu ou non. Il est
certain qu'un grand nombre de maîtres hindous du yoga ont pris connaissance
de leur propre tradition par les livres de Woodroffe, qui est le premier à
avoir écrit des ouvrages ordonnés sur le thème du Tantra.
Un autre personnage important est Swami Shivananda (1887-1963). Après avoir étudié la médecine occidentale, il est devenu un praticien renommé en Malaisie. Puis l'idée de renoncer au monde lui est venue, et en 1923, il a quitté la Malaisie pour revenir aux Indes. C'est ainsi qu'il a compris le besoin d'adapter le yoga aux pratiquants occidentaux, et qu'il a élaboré une méthode qui leur était spécialement destinée. Il est l'initiateur du Hata-yoga que nous connaissons, fondé sur douze postures principales, et qui est pratiquée dans le monde entier. En 1957 il envoie son disciple, Vishnu Devananda (1927-1993) enseigner sa méthode dans les pays occidentaux.
Depuis le début des années 1950, on peut estimer que le yoga s'est développé parallèlement aux Indes et dans le monde occidental, avec des échanges entre les deux civilisations. C'est pourquoi il est difficile de dire que le yoga qui est enseigné aujourd'hui tire sa source des Indes.
On citera à ce propos le grand yogi occidental André Van Lysebeth (1919-2004), auteur de nombreux ouvrages, qui cite dans un article une lettre que lui a adressée un lecteur hindou :
Guruji respecté,
Je vous en prie, ne soyez pas surpris si je vous nomme mon Guru. A la vérité, vous figurez parmi ceux qui m'ont apporté tant de choses en yoga ! Je suis fort influencé par vos livres J'apprends le Yoga et Pranayama. Etudiant en sciences (...) je n'accepte jamais les choses d'emblée. Mais vous prouvez scientifiquement tant de choses à propos des âsanas et du pranayama. Ainsi, je vous suis toujours reconnaissant. En lisant vos deux livres, j'ai acquis une pleine confiance en moi quand j'enseigne les yogasanas...
Van Lysebeth parle à ce sujet d' "effet pizza" : de même que les Italiens insulaires ont adopté la pizza après qu'elle ait été enrichie et popularisée par les émigrés italiens aux Etats-Unis, de même "parti de l'Inde, popularisé en Occident , le yoga retourne dans son pays d'origine ; "dédouané" par notre science, il est accepté par bon nombre de jeunes indiens". (Les carnets du yoga, n°40 - juin 1982).
Rappelons que le yoga n'est pas une religion et n'impose aucune croyance ou culte particulier.