Les Maîtres discernaient les couleurs des auras de leurs néophytes. on sait que l'aura est une luminosité extérieure qui exprime les qualités intérieures de l'être. Ils descernaient aussi le passé des âmes et les constellations spirituelles auxquelles elles appratenaient. ils pouvaient développer les dons psychiques les sens latents de leurs néophytes, et les aider à incarner de nouveaux degrés de leur être ou même à réincarner des individualités du passé. (L'hérédité peut être la base physique de la réincarnation).
Le Maître, passionné d'expérimentation, fit des expériences avec des centaines de sensitifs. Ces expériences lui prouvèrent qu'il y a entre la veille et le sommeil d'innombrables degrés de passivité plus ou moins profonds qui correspondent aux degrés d'être de l'homme lui-même et aux différents degrés du cosmos. Dans une sorte de sommeil magnétique, sous la direction d'un Maître initié, un sensitif peut s'éveiller dans des états d'être différents qui le mettent en rapport avec des états supérieurs du cosmos dont l'homme contient en lui, en germe, tout au moins, les divers régions spirituelles.
Le repos des sens physiques et de l'intelligence active permettent l'exploration des mondes, la réception des forces cosmiques, l'incarnation de parties de son propre être et avant tout le développement de sens spirituels, tels que la voyance, l'audience, la prédilection, etc.
Le Maître considérait comme possible de réaliser des matérialisations permanentes de forces spirituelles qui, étant visibles à tous, puissent convaincre un vaste public de l'existence des réalités invisibles mieux que des discussions philosophiques.
On avait un jour sollicité d'un collaborateur de Max Théon
dans le Mouvement Cosmique une audience pour une femme très peu intellectuelle
et peu raffinée qui, ayant été endormie par un hypnotiseur,
avait depuis lors perdu le sommeil. Son médecin, qui s'intéressait
aux études cosmiques, avait pensé qu'un repos effectué
selon les méthodes de Max Théon pourrait lui être bénéfique.
L'expérience eut lieu au local qui servait alors de centre au groupe
cosmique à Passy. Max Théon, de passage à Paris, habitait
l'étage supérieur. Cette femme, au langage vulgaire, à
la voix et aux gestes sans grâce, s'endormit paisiblement, mais au fur
et à mesure qu'elle se reposait, une véritable transformation
s'opérait en elle. Son visage semblait transfiguré, son langage
et sa voix devenaient nobles, et ses propos intellectuels. Elle dit enfin
: "Il y a quelqu'un dans cette maison que j'ai connu dans le passé
lointain et que je voudrais revoir". On alla chercher le Maître
qui descendit aussitôt. Il parut majestueusement dans sa longue robe
blanche à ceinture dorée, avec sa toque de velours. la femme
endormie s'écria : "Enfin, je vous retrouve". Il répondit
calmement : "Certes, nous nous connaissons déjà, le passé
et l'avenir sont un présent éternel. Maintenant, sois heureuse
et calme".
Lorsque la sensitive s'éveilla, sa voix et ses paroles redevinrent
vulgaires comme à l'arrivée. Elle partit en remerciant de la
façon la plus banale.
Ma mère, qui avait assisté à cette scène, émerveillée de découvrir qu'une âme de lumière pouvait ainsi habiter une personne qui n'en était nullement consciente, interrogea le Maître. Ne serait-il pas possible d'arriver à relier entre eux ces états d'être différents et à réveiller définitivement le degré profond qui s'était manifesté pendant le sommeil ? "Certes, dit le maître, par quelques repos de ce genre, la chose serait faisable, mais dans le cas présent, ce serait manquer à la charité. Cette femme a un mari et des enfants qui ne comprendraient pas son être supérieur. Pour cette fois, elle est bien plus heureuse ainsi.
Mes parents et plusieurs personnes furent témoins à Tlemcen de déplacement d'objets qu'aucune main humaine ne touchait et de phénomènes comme des apports de fleurs. le Maître qui vivait dans cette atmosphère de miracles ne voulait pas que l'on se serve de ce mot, répétant sans cesse que tout est dans la nature, et que les capacités humaines sont sans limites.
Un beau texte, à la fin de la quatrième Evocation, légende parue dans la Revue Cosmique, nous fait songer à l'œuvre silencieuse accomplie à Tlemcen. Les pures émanations vitales d'Aïch Men Al, l'archiprêtre et Roi invisible, étaient dirigées vers tous ceux qui étaient capables de les recevoir et d'y répondre. Mais les initiés qui recevaient ainsi continuellement de la force vitale ignoraient d'où elle venait.
Ceux qui par affinité recevaient la force vitale émanée de celui qui était voilé à la vue de tous les hommes devinrent, chacun selon ses capacités, comme un soleil, un émanateur de lumière, de telle sorte qu'ils pouvaient diffuser leur force vitale vers d'autres initiés. Mais personne, sauf les quatre qui servaient d'Aïch Men Al, ne savait que cette puissance et cette sustentation qu'on croyait provenir de quelque source céleste, émanait d'un homme, qui vivait humblement et simplement parmi ceux qui l'entouraient,et qui était pour le monde même des initiés comme s'il n'était pas. Ce grand émanateur de forces était l'intermédiaire entre l'homme et ses états d'être plus raréfiés. Grâce à lui, la plénitude de la vitalité fut traversée par les rayons de la lumière intellectuelle saphirine. "Un temps viendra où les rayons de la lumière intellectuelle seront traversés par le violet de la puissance, et le violet de la puissance, par la lumière couleur de poussière de l'utilité. Alors il y aura de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels règnera l'équilibre".
Mme Théon quitta la terre au cours d'un voyage qu'elle avait voulu accomplir seule dans l'île de Jersey. Le Maître, en proie à une grande dépression, fut alors soigné par mes parents pendant plusieurs mois en Normandie. Il dit qu'il ne devait plus avoir aucun rôle dans le Mouvement, n'étant plus en dualité d'être. Et il ajouta : "Hélas, désormais le monde va s'obscurcir". C'était en 1908.
Sans vouloir en tirer de conclusions, mais en rapprochant de la page que nous venons de citer les circonstances contemporaines, n'est-il pas digne de remarque que les plus grandes découvertes scientifiques et une des meilleures époques de paix et de progrès du monde occidental ait coïncidé avec la période où le Maître et Mme Théon menaient à Tlemcen cette vie de spiritualité rayonnante, cherchant à diffuser la Lumière sur le monde ?
Mme Théon avait écrit plus de douze mille pages sur la philosophie cosmique. Après elle, le Maître voulut interrompre la publication de la Revue Cosmique qui avait paru pendant sept ans.
Les petits textes publiés dans la Revue sous le titre "Fragments" expriment tout particulièrement en leur atmosphère pure comme celle des cimes la doctrine de miséricorde qui fut toujours sur les lèvres de Mme Théon. N'avait-elle pas été jusqu'à affirmer : "A l'égard de l'humanité trompée et lasse, la miséricorde seule est justice".